Un panneau d'indication dans le Grand sud... |
La route,
un état d’esprit qui me parle,
un lieu d’admiration, et souvent de réflexion,
où ma tête s’envole vers d’autres contrées,
alors que mon corps reste là, en mouvement, en hypnose.
Les cheveux aux vents,
toutes vitres ouvertes,
C’est souvent dans ma Twingo poubelle que ça m’arrive,
des symphonies entières s’improvisent au fond de mon cortex,
des analyses interstellaires,
de la métaphysique quantique qui dépasse même (et surtout) l’entendement de mon moteur.
un état d’esprit qui me parle,
un lieu d’admiration, et souvent de réflexion,
où ma tête s’envole vers d’autres contrées,
alors que mon corps reste là, en mouvement, en hypnose.
Les cheveux aux vents,
toutes vitres ouvertes,
C’est souvent dans ma Twingo poubelle que ça m’arrive,
des symphonies entières s’improvisent au fond de mon cortex,
des analyses interstellaires,
de la métaphysique quantique qui dépasse même (et surtout) l’entendement de mon moteur.
Et pourtant,
elle en fait du bruit,
ma Twingo poubelle,
survivante d’un autre âge elle aussi,
une incompréhensible capricieuse.
Blagueuse à chaque virage,
menaçante aux nids de poules,
et hurlante aux dénivelés.
Mais elle roule,
et elle fait des envieux,
souvent, au feu rouge ou à la station-service,
les mecs viennent me voir pour me l’acheter,
à bas prix, - forcément -
et si je n’en avais pas besoin,
je leur lâcherai bien contre une pirogue et trois papayes.
elle en fait du bruit,
ma Twingo poubelle,
survivante d’un autre âge elle aussi,
une incompréhensible capricieuse.
Blagueuse à chaque virage,
menaçante aux nids de poules,
et hurlante aux dénivelés.
Mais elle roule,
et elle fait des envieux,
souvent, au feu rouge ou à la station-service,
les mecs viennent me voir pour me l’acheter,
à bas prix, - forcément -
et si je n’en avais pas besoin,
je leur lâcherai bien contre une pirogue et trois papayes.
Et comme le disait si bien le fameux pèlerin philosophe- attention euphémisme - Ernest Duchemin : « Le meilleur moyen de
connaître un pays, c’est quand même d’y prendre la route...»
Alors voilà un petit goût :
Tous les jours on en voit,
des frères Kanak sur le bord de la route,
à marcher,
vers là-bas.
des frères Kanak sur le bord de la route,
à marcher,
vers là-bas.
Pour combien de temps ?
Tout est relatif.
Tout est relatif.
Ils ne font pas de stop,
– sauf ceux qui tendent le pouce -
puisqu’un cousin finira bien par passer,
et les prendre pour les avancer.
– sauf ceux qui tendent le pouce -
puisqu’un cousin finira bien par passer,
et les prendre pour les avancer.
Ils ne font pas de stop,
quoiqu’ils acceptent volontiers d’en être si vous leur proposez,
que votre gueule leur revient,
et que vous savez adresser les bons mots (Eh le Frère ! Tu vas où ?)
- Tu fais quoi ?
- Je marche.
quoiqu’ils acceptent volontiers d’en être si vous leur proposez,
que votre gueule leur revient,
et que vous savez adresser les bons mots (Eh le Frère ! Tu vas où ?)
- Tu fais quoi ?
- Je marche.
- Tu vas où ?
- Pas Loin.
- Pas Loin.
(Bah oui, il va pas en Australie non plus…)
Attendez-vous à faire un détour, ça se fait.
Et si tu te proposes de l’emmener,
autant que ce soit jusqu’à destination.
Quoi tu vas être en retard ?
Rien à foutre mon frère, pour l’instant t’es dans cette bagnole,
et t’emmènes quelqu’un.
À marcher au bord de la route,
lorsqu’ils n’y sont pas postés,
avachis ou défoncés.
Ou simplement,
ils regardent,
ils attendent,
ça dépend.
Quelquefois avec le fusil sur l’épaule,
ils attendent :
une roussette,
un nautou,
ou peut être le dernier cousin qui leur a cassé les « claquettes ».
Attendez-vous à faire un détour, ça se fait.
Et si tu te proposes de l’emmener,
autant que ce soit jusqu’à destination.
Quoi tu vas être en retard ?
Rien à foutre mon frère, pour l’instant t’es dans cette bagnole,
et t’emmènes quelqu’un.
À marcher au bord de la route,
lorsqu’ils n’y sont pas postés,
avachis ou défoncés.
Ou simplement,
ils regardent,
ils attendent,
ça dépend.
Quelquefois avec le fusil sur l’épaule,
ils attendent :
une roussette,
un nautou,
ou peut être le dernier cousin qui leur a cassé les « claquettes ».
Quelquefois c’est les flics qui prennent du grain.
Bah oui, l’apéro chez le cousin a commencé à 6h du matin,
et ils sont partis à 15h…
Quelquefois ce sont des chiens
–sauvages ou non –
qu’on retrouve éclatés sur le bord de la route,
morts.
–sauvages ou non –
qu’on retrouve éclatés sur le bord de la route,
morts.
Ils pourriront là la plupart du temps,
pendant 3, 4, 6, 8 mois,
jusqu’à redevenir poussière.
Quelquefois c’est un cerf – prononcez « serphe » -
qui traverse,
à la tombée de la nuit,
tranquillement…
et on se demande ce qu’il foutait dans la mangrove.
à la tombée de la nuit,
tranquillement…
et on se demande ce qu’il foutait dans la mangrove.
Quelquefois plutôt qu’un cerf,
c’est une vache : « un bétail » -comme ils disent-,
au milieu de la route aussi,
ou sur le bas-côté,
tranquille…
Quasi invisible en pleine nuit.
c’est une vache : « un bétail » -comme ils disent-,
au milieu de la route aussi,
ou sur le bas-côté,
tranquille…
Quasi invisible en pleine nuit.
Parfois c’est un cochon sauvage,
Qui se languit là,
à fouiner les noix ou les mangues.
On accélère,
car il n’est pas bien gros et ressemble à un bon dîner.
Et il file se planquer dans le fossé avant l'impact.
Qui se languit là,
à fouiner les noix ou les mangues.
On accélère,
car il n’est pas bien gros et ressemble à un bon dîner.
Et il file se planquer dans le fossé avant l'impact.
Je l’aurai un jour !
Mais pas en Twingo…
Le jeu consiste à le taper sur l’arrière,
de façon à juste lui faire faire un soleil,
et qu’il ne puisse plus détaler.
de façon à juste lui faire faire un soleil,
et qu’il ne puisse plus détaler.
Vous a-t-on raconté comment certains caldoches chassent sans
fusil ?
Au Pick-Up.
Avec ou sans Parre-buffle…
On accélère derrière la harde,
dans les plaines ou la brousse,
tous feux éteints sous la pleine lune.
Au Pick-Up.
Avec ou sans Parre-buffle…
On accélère derrière la harde,
dans les plaines ou la brousse,
tous feux éteints sous la pleine lune.
La Faim justifie les moyens,
parait-il.
parait-il.
D’autres plus valeureux,
Partent à Cheval dans la chaine,
capturer d’autres chevaux, bien sauvages eux !
Et point de rires de guerriers sioux là-dedans,
on ne sait jamais qui du gibier ou du chasseur est le plus malin.
C’est toujours une jument qui mène la horde,
la plus dure à capturer, et à dresser.
Pour assurer une déroute,
on la flingue,
les autres ne s’en rendent que plus dociles.
Partent à Cheval dans la chaine,
capturer d’autres chevaux, bien sauvages eux !
Et point de rires de guerriers sioux là-dedans,
on ne sait jamais qui du gibier ou du chasseur est le plus malin.
C’est toujours une jument qui mène la horde,
la plus dure à capturer, et à dresser.
Pour assurer une déroute,
on la flingue,
les autres ne s’en rendent que plus dociles.
Le moindre gamin de brousse tire au lance pierre comme Tiger
Woods sait remplir les trous,
à faire démissionner Thierry Lafronde.
Nul besoin de fusil,
pour sécher une roussette ou un Nautou.
à faire démissionner Thierry Lafronde.
Nul besoin de fusil,
pour sécher une roussette ou un Nautou.
Revenons à la route.
Il y’en a des accidents.
- Je touche du bois –
Il y’en a des accidents.
- Je touche du bois –
Quelquefois c’est un camion,
couché dans un rond-point, ou un virage.
peu importe le chargement, il vous somme de ramasser,
et d’embarquer, puisque lui, c’est de son patron, qu’il va ramasser.
couché dans un rond-point, ou un virage.
peu importe le chargement, il vous somme de ramasser,
et d’embarquer, puisque lui, c’est de son patron, qu’il va ramasser.
C’est ainsi que certains arrivent en retard à la pêche,
Le coffre plein à en affaisser le chassis,
à en gratter les dos d’ânes,
de cartons de bière, à ne plus savoir qu’en faire,
à en faire couler le bateau, et noyer les pêcheurs.
Le coffre plein à en affaisser le chassis,
à en gratter les dos d’ânes,
de cartons de bière, à ne plus savoir qu’en faire,
à en faire couler le bateau, et noyer les pêcheurs.
Les dos d’ânes, parlons-en !
on dirait qu’ils font collection,
à chaque rue résidentielle,
c’est tous les trente mètres.
on dirait qu’ils font collection,
à chaque rue résidentielle,
c’est tous les trente mètres.
On dirait qu’ils ont voulu imager la houle sur l’asphalte.
Véritables arraches pneus et calandres,
ils sont rayés sur le dessus,
par les essieux qu’ils ont croqué.
Tant qu’on y est : les nids de poules…
Drôles de poules ici,
si on s’y fie,
on s’attend à voir un diplodocus,
puisque seule une de ses couvées pourrait nicher dans ce nid.
Drôles de poules ici,
si on s’y fie,
on s’attend à voir un diplodocus,
puisque seule une de ses couvées pourrait nicher dans ce nid.
Alors on esquive, on feinte,
on ralenti ou on s’envole.
Mais c’est ainsi,
Les pluies diluviennes rongent le bitume,
en une saison, une fois n’est pas coutume.
on ralenti ou on s’envole.
Mais c’est ainsi,
Les pluies diluviennes rongent le bitume,
en une saison, une fois n’est pas coutume.
Revenons à la route.
D’autres fois c’est un connard,
qui roule sur votre voie,
en sens inverse.
qui roule sur votre voie,
en sens inverse.
Il a toute la place,
mais ça ne suffit pas.
Sécurisé en Pick-Up,
vous foutre en l’air ne le concerne pas,
lui, il a payé pour space mountain,
avec ou sans vous, de gré ou de force,
il passera.
vous foutre en l’air ne le concerne pas,
lui, il a payé pour space mountain,
avec ou sans vous, de gré ou de force,
il passera.
Les feux rouges sont facultatifs, les stops aussi,
également les clignotants.
Surtout dans les ronds-points.
également les clignotants.
Surtout dans les ronds-points.
Heureusement comme en France,
Il semble que la spécialité soit quand même de se foutre en l’air tout seul,
trop rapide dans un virage, ou pas assez vigilant.
J’en sais quelque chose…
Il semble que la spécialité soit quand même de se foutre en l’air tout seul,
trop rapide dans un virage, ou pas assez vigilant.
J’en sais quelque chose…
Les routes transversales,
qui relient les deux côtes,
sont de véritables coupe-vie.
qui relient les deux côtes,
sont de véritables coupe-vie.
Lacets sinueux,
à largeur variable,
falaises libres sans rembardes,
c’est au plus gros et au plus fou la priorité.
Les nids de poule font office de signalisation.
Parfois, on y croirait des entrées pour spéléo.
Parfois, on y croirait des entrées pour spéléo.
Dans la chaine en 4x4 - chaine courte j’entends bien –
ce n’est pas moins dangereux, mais c’est le pied,
Quand on est au volant.
Et l’on bénit alors la machine,
les astuces de l’homme et de son pétrole.
ce n’est pas moins dangereux, mais c’est le pied,
Quand on est au volant.
Et l’on bénit alors la machine,
les astuces de l’homme et de son pétrole.
Ni un homme, ni un cheval,
n’en réchapperait sans s’esquinter,
Mais la machine passe, sans sourciller.
Peut-être une bande de sherpas népalais pieds nus,
feraient l’affaire sans le timing tenu.
Dans la Chaine pour une mission Pollution |
Route tribale de réserve clanique... |
Et la route c’est des rencontres,
avec vous-mêmes,
avec des inconnus,
avec des paysages
ou des endroits incongrus.
La brume qui se lève au fond de la vallée, au petit matin en
descendant de l’autre côté de la chaine.avec vous-mêmes,
avec des inconnus,
avec des paysages
ou des endroits incongrus.
Une brume si épaisse qu’on y croirait un feu,
d’une qu’on ne rencontre qu’en pays montagneux.
Les couleurs flamboyantes du coucher du soleil,
la diffraction dans les herbes hauts,
des près dans lesquels un seul arbre est dressé.
la diffraction dans les herbes hauts,
des près dans lesquels un seul arbre est dressé.
Quelquefois,
c’est à la pêche,
le coin est déjà occupé,
tu lui fais signe et te déportes un peu.
c’est à la pêche,
le coin est déjà occupé,
tu lui fais signe et te déportes un peu.
Le pêcheur sort de l’eau, quelques temps plus tard,
et vous dialoguez avec les yeux :
- Ah tu pêches au leurre aussi, c’est cool !
- Oui, le mien il est flottant.
Alors il te sort une belle carangue de sa besace pleine,
comme pour te certifier que c’est un bon coin.
Puis toujours avec les yeux:
« Tu la veux ? Tiens, cadeau pour toi ! ».
Il a assez pour lui et sa famille.
Il a eu sa partie,
il connait son lagon,
et a le plaisir d’offrir,
de faire plaisir.
Pas plus,
tranquille.
Toi tu ne prends rien,
c’est normal, tu ne connais pas,
t’as passé la bonne heure,
il n’y a plus de poissons.
Il le savait, il connait son lagon,
il avait pris le temps, du bon instant.
Une autre fois c’est au bord d’un pont en pleine brousse,
tu pêches au leurre,
encore,
comme un crétin :
« pêche sportive ».
tu pêches au leurre,
encore,
comme un crétin :
« pêche sportive ».
- Aouh mon frère, mais la pêche c’est pas un sport, c’est fait
pour manger ! – qu’ils diraient.
Alors deux gusses passent,
avec leur voiture cabossée-rafistolée,
qui fait plus de bruit qu’une moto sans pot,
ils viennent faire des Burns et tirer des câbles,
sur le terrain vague du bas de la vallée.
avec leur voiture cabossée-rafistolée,
qui fait plus de bruit qu’une moto sans pot,
ils viennent faire des Burns et tirer des câbles,
sur le terrain vague du bas de la vallée.
Ils viennent de la finir, il faut la tester.
Ils te font signe et voient que tu pêches,
(ils savent que tu pêches rien, ils connaissent eux !),
repartes chercher leur lignes et s’adressent à toi, de l’autre bout du pont.
Evidemment, toi, sourd comme un zoreille,
tu ne comprends rien.
Alors,
tu vas les voir.
Ils t’invitent à pêcher,
à « faire la ligne » avec eux.
Ils veulent te montrer.
à « faire la ligne » avec eux.
Ils veulent te montrer.
Tu connais,
mais par rapport à eux,
tu ne connais pas, donc,
tu te gardes de le dire.
Ils te racontent,
les Becs de canne de 10 Kg,
ils ont le bon fil, pour les bons poissons,
pas toi.
Heureusement que rien n’a mordu à ta canne,
sinon elle aurait cassé.
mais par rapport à eux,
tu ne connais pas, donc,
tu te gardes de le dire.
Ils te racontent,
les Becs de canne de 10 Kg,
ils ont le bon fil, pour les bons poissons,
pas toi.
Heureusement que rien n’a mordu à ta canne,
sinon elle aurait cassé.
Par contre, tu as des émerillons de zoreilles,
qu’ils ne voient pas souvent et qu’ils trouvent fort pratiques.
Générosité,
échange de bon procédé,
50 mètres de fil contre des émerillons.
« D’ailleurs sers-toi, les plombs, les hameçons, les appâts, vas-y !
On est là, on pêche, cool man. »
échange de bon procédé,
50 mètres de fil contre des émerillons.
« D’ailleurs sers-toi, les plombs, les hameçons, les appâts, vas-y !
On est là, on pêche, cool man. »
« Nan parce que les gens y’ disent toujours c’est
accueillant le Nord,
mais le Sud aussi c’est accueillant, faut pas croire ! J’vais vous montrer ! »
mais le Sud aussi c’est accueillant, faut pas croire ! J’vais vous montrer ! »
Ça touche,
ça lâche,
ça se fout dans le caillou,
on casse,
on coupe,
et on remonte que les petits.
Puis c’est la nuit,
on est bien là, mais on doit y aller,
parce qu’on a peur,
pas d’eux ;
des autres, qui arrivent,
de la nuit,
de l’inconnu,
des histoires qu’on nous a raconté.
ça lâche,
ça se fout dans le caillou,
on casse,
on coupe,
et on remonte que les petits.
Puis c’est la nuit,
on est bien là, mais on doit y aller,
parce qu’on a peur,
pas d’eux ;
des autres, qui arrivent,
de la nuit,
de l’inconnu,
des histoires qu’on nous a raconté.
On ne sait pas trop ce qui se passe ici…
Le mental est revenu, allez, on s’arrache.
- Merci les Frères !
Le mental est revenu, allez, on s’arrache.
- Merci les Frères !
L’endroit où le fils de l’homme est le moins perdu,
est sans doute la route,
sans destination.