mardi 18 juin 2013

Trois Hommes sur un Bateau


Ce weekend  j’ai été invité à la pêche au Gros par Fabien sur le bateau de son copain /voisin qu’on appellera C. On a passé tout le weekend sur le bateau.
Au programme, navigation, découverte de la magnificence du lagon, pêche à la traine, à la Ligne selon toutes les techniques possibles, et en plongée au fusil harpon.

RDV samedi matin à 7h du mat’, le temps est couvert et pas très réjouissant, nous sommes équipés comme des pros. J’avais été désigné pour acheter l’essentiel de la bouffe et bières pour ces deux jours, en contrepartie de ne pas raquer pour les quelques 160 litres d’essence consommés. Le bateau de C est un King Fish de la marque Ramco, 7m20, moteur de 200 chevaux.
C. est un bon businessman qui a possédé une boite de nuit avant son resto et est aussi le seul Label imprimeur/graveur de CD des artistes musiciens de l’île : Tikky Production. (Tiki étant un terme désignant le dieu anthropomorphe tahitien, un peu leur Gaïa ou Mowaï à eux…)
Il a donc quelques moyens et possède deux 4X4 à faire envier un américain moyen, un bateau coque de noix comme Fabien, et un plus sérieux…


Exemples de Tikis

 


Nous partons de l’embarcadère de Vallon Dore vers 8h, direction la passe du phare Amédée pour sortir du lagon et trainer le long de la barrière de corail direction Sud, pour tenter de prendre à la traine, un Wahou (grand thazard du large pouvant mesurer 2 mètres), un Mahi-mahi alias Dorade Coryphène, ou un Thon jaune, à la traine.











Il est à noter qu’à l’intérieur du lagon, la profondeur maximale est aux alentours de 70 mètres (d’après l’echo-sondar), la barrière de corail affleure à la surface, et le tombant juste derrière la barrière passe de 0,5 à 500m de profondeur puis rapidement à 1200m...




Ce qui n’empêche pas les surfeurs téméraires d’attendre les vagues qui se gonflent au choc du récif, au-dessus de cet abysse mystérieux, pour surfer au-dessus du récif au risque de finir déchiquetés par les coraux quand ils se vautrent, ou quand ils ne servent pas d’apéritif aux requins !
L’eau est tricolore à cet endroit : Blue Lagoon à l’intérieur, marron/multicolore (grâce aux coraux)au niveau du récif, et Bleu marine foncé dès qu’on passe au large (les fameux 500mètres de fond…)


On aperçoit les minéraliers qui empruntent le chenal vers la baie de Prony (qui y chargeront le fort convoité minerai de Goro), reconnaissables à leurs trois grues, semblables aux cheminées des anciens paquebots...


Blue lagoon...

Nous trainerons pendant 5 heures sans une touche (en changeant de leurres toutes les heures environ puis en pique-niquant en même temps), le temps d’arriver à leur passe fétiche, au sud de l’île des pins, pour pêcher au Popper et au Teaser (faux calamar en couenne de porc) sur les hauts fonds, ce qui ne s’avèrera pour l’instant pas plus prolifique.

On change de coin et nous positionnons à la dérive au-dessus d’une fosse de 60m, pour une session de Jigging : On laisse tomber une cuillère ondulante bien lourde au fond ou une « mitraillette », ce que les Bretons appellent « la palangrotte ». Je sors les premiers poissons ; deux loches Grisettes d’environ 1 Kg (ouf je commençais à m’inquiéter qu’ils ne pensent que je portais la poisse…) suivi par C qui enchaine les bossus de toutes espèces à la mitraillette. On se refait un coup Hauts fonds où nous loupons Carangues et Thazards à plusieurs reprises, puis Fabien sors un petit barracuda appelé ici Bécune (tant qu’ils n’ont pas de rayures) qui servira d’appâts pour le soir.
Eh oui Fabien, le fameux « seul collègue qui affirme que la gratte n’existe plus en Nouvelle-Calédonie » et qu’on peut manger les barracudas sans être inquiété, l’a choppée la semaine dernière…

Loche Grisette
La nuit tombant à 17h30, nous nous positionnons au mouillage à l’abri du vent derrière un îlot, puisque nous pêchons en ciré, trempés depuis 14h30…

De là, on pêche au Boat-casting (en opposition au « surf-casting ») pendant que C prépare une super salade de poisson avec les loches de cet aprèm. Des bossus, des loches, des becs de canne, je fais même un doublé : une loche sur chaque hameçon !! Puis la nuit noire tombe, les gros poiscailles viennent chasser près de l’Îlot, on aura une douzaine de gros départs ce soir-là, tous ferrés, et tous ont cassé la ligne qui est quand même une tresse de 40 Kilos… j'étais dans un rare état d'éxcitation..!

Cela ne veut pas dire que les poissons faisaient 40kg ou plus, n’importe quel initié en physique comprend le principe de réciprocité des forces, aussi appelé dans ce cas-là « principe de l’écartèlement » : si un poisson de 8-10 Kilo exerce une force de 25 Kg de son côté (oui oui c’est très possible !! spécialement ici !), et que le pêcheur tire d’une force de 15 kg de l’autre côté, on atteint la limite de résistance de la ligne et elle pète. Le bas de ligne était en nylon d’une résistance de 60Kg, de façon à ce qu’elle soit coupée (nylon) si c’est un Shark qui mord. 2 des douze départs étaient des requins… On le sait car ils coupent le bas de ligne avant que la tresse ne pète.

La couchette intérieure est suffisamment grande pour dormir à trois, cependant il a plu un tel déluge pendant la nuit que l’écoutille du pont s’est mise à fuir, et qui était en dessous d’après vous ?? Oui c’est moi !

Lendemain, réveil avec le soleil, C. est en train de lever des filets de bossus pour les faire frire pour le petit dej avec le reste de riz parfumé d’hier soir. Fabien qui ne peut pas manger de poisson se contente de fromage saucisson. Nous avons droit à un rayon de soleil. Nous pêchouillons doucement jusqu’à 9 heures aux alentours, Nous croyons repérer une chasse, en approchant, nous nous rendons compte qu’il s’agit d’un groupe de dauphins qui se baladent en surface et font mumuse, on les laisse nager autour du bateau et leurs balançons quelques bouts de poissons qu’ils boudent royalement, avant de repérer un amas de « patates » où nous décidons de plonger pour chasser. J’y ai vu une Tortue grosse tête (les plus grosses et les plus rares) avec laquelle j’ai nagé (sans la toucher, on n’est pas dans flipper le dauphin non plus !). Je pique une saupe grise et une énorme morguâte pendant que Fabien et C piquent des Saupes, Carangues et Dawas à la pelle. Je ne reste qu’une heure dans l’eau, fatigué de guetter les 2 requins pointe blanche d’environ 1m50 qui nous collent au cul depuis que j’ai piqué mon premier poisson. Fabien leur fout des coups de crosse de fusil-harpon quand ils s’approchent trop près de lui…
Fabien, ready to Snork

C en plein combat

On relève l’Ancre vers midi et demi, déjeunons à la dérive, les lignes dans l’eau, avant de prendre le chemin du retour par l’intérieur du lagon, en guettant les chasses révélées par les amas d’oiseaux.
On en trouve une sur notre chemin : premier lancer, Boum ! je fère une carangue qui pète ma tresse (de 25Kg la mienne), lancer de Fabien, Baoum, il remonte une carangue qui a mon leurre en bouche… Ce phénomène prouve l’agressivité de ce prédateur lorsqu’il est en action de chasse, normalement, la mémoire sélective des poissons veut que quand il a été piqué une fois, il ne s’y fait plus reprendre jusqu’à ce que la douleur du piercing se dissipe ; pas les carangues visiblement…

On ne s’attarde pas, la glacière est bien remplie et on doit rentrer rincer le bateau et tout le matos avant la tombée de la Nuit. C’est moi qui pilote, plein gaz, sur le trajet du retour. Je prends aussi le temps de prendre quelques (médiocres) photos des ïlots du Mont Dore, auxquels je veux consacrer un article depuis quelques semaines déjà !


Capt'ain Loulou aux commandes


Carangue goutte d'or...

Après rinçage, rangeage et nettoyage du Matos, je rentre m’écrouler à la maison pour réentammer une bonne semaine avec quelques diner dans le congel.

Pour les copains qui me reprocheraient de prélever quelques produits de ma pêche, il faut tenir compte de plusieurs facteurs:

- Tout d'abord, il faut savoir que 92% de la biomasse pêchée sur terre est issue de la pêche industrielle, qui ne garde pour le commerce que 50% de ses prises, les autres étant jugées trop petites (et meurent dans le chalut ou la récolte), ou sont des espèces "pas à la mode" dédaignées des consommateurs vouées au gâchis.
- Je ne prélève aucune espèce menacée.
- Je prélève uniquement les poissons qui m’intéressent et relâche par conséquent 40% de mes prises. (Seulement ? eh oui quand on sait où chercher et comment, on tape juste !)
- Étant passionné de pêche depuis tout petit, j'aime les poissons, les respecte, et serai très emmerdé de leur disparition. Pis c'est pas sans convictions que j'ai bossé au CRI l'année dernière...
- Il est préférable de prélever des individus de petite et moyenne taille, les plus gros étants les plus gros reproducteurs.

- La triste éthique des locaux, de n'importe quelle origine qu'ils soient, est de garder toutes leurs prises comestibles, (voir les non comestibles pour en faire de l'appât, qu'ils nomment d'ailleurs à tort "amorce"...) et ils te répondront toujours avec un argument de philosophie de comptoir malheureusement imbattable: "Si c'est pas toi qui le prends ce sera un autre...).
Par chance, la pêche industrielle est peu présente en Calédonie et il existe des quotas de 10Kg/personne, fortement réprimandés, bien que peu respectés et surveillés...
http://aepnc.weebly.com/reacuteglementations-pecircche.html


 Bref, c’était un bon week end, bien qu’il fût un peu mouillé.

 


à bientôt !

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