Frousses, Secousses, et Frimousses dans la Brousse

Salut à Tous,

Je suis vivant, tout roule tranquillement : la vie à la fraiche comme on dit !
Je dirai même presque que la routine s’installe :
Boulôt-pêche, Boulot-sport, Boulot-Kava, Boulot-Musique etc etc…

Lundi y’a trois semaines, c’est en pêchant à la traine en Kayak qu’un gros poisson innaperçu a cassé ma canne à pêche en 10 secondes : le temps d’arrêter mon inertie, de tirer le kayak en marche arrière, de frétiller un coup (on dit un coup de tête chez les pêcheurs) et PAF c’était gagné !
Pour lui, la liberté et un nouveau piercing, pour moi, un sacré coup de blues et un trou dans mon budget.
Cependant ça m’a permis de prendre de belles photos du coucher de soleil…

J’ai été racheter une nouvelle canne flambant neuve le vendredi d’après, avec ma première paye, distribuée en Cash sur le bureau de la directrice.

A la maison ça roule Nickel, on se fait des bonnes bouffes et des apéros avec les voisins, on jardine, on bricole, on nettoie, on lutte contre les moustiques… bref tranquillos quoi !
Poulet à la Sergio (rôti à l'antillaise), Barbeuks de poissons pêchés, salades composées avec les papayes du jardin, Poëlées forestières et champêtres en freestyle, etc etc… Hier on s’est même fait des crèpes !

Sergio en grande pompes.

Après un Samedi Barbecue chez Franck, un ami de la colloc’ pédiatre qu’on aide à bricoler (remettre son Dock à neuf par exemple), j’ai profité du Dimanche-Lundi du weekend de Pâques pour aller faire un tour dans le grand Sud, histoire de visiter autre chose que le grand Nouméa et prendre un bol d’air frais en Solo.
Les Paysages sont magnifiques mais j’ai pas pris beaucoup de photo parce que le temps était couvert et la route indomptable, ma Twingo à changé de bruit depuis ce trek...
« « L'animisme » » est omniprésent dans la vie coutumière Kanak, vous en aurez quelques exemples tout au long de ce récit. 
Il est Impossible d’expliquer l’ambiance et la vie d’ici en photo, du moins pas avec des paysages...

J’ai fait Mont-Dore->Prony->Lac de Yaté le premier Jour, en m’arrêtant aux chutes de la madeleine et ai dormi/campé devant la forêt noyée du lac artificiel.

J’ai pas fait de feu parce que les Black-bass pris au Lac me semblaient pas ben gros et me faisaient peine à tuer pour si peu à manger. Endormi en entendant les cagous et autres bestiaux inconnus tourner autour de la tente, puis c’est un Duppy farceur de la brousse qui m’a réveillé avec torpeur vers 1h30 du mat’ pour me faire comprendre qu’il n’était pas bon de dormir là.
En effet, là où je me trouvais, il y avait une vielle carcasse d’une voiture brulée non loin, où apparemment des gens sont morts. Il n’y a pas eu de « raffut » organisé pour apaiser les âmes des victimes, qui rôdent donc encore aux alentours jusqu’à trouver la rédemption. C’est pour cela qu’elles agressent les personnes en état de conscience modifiée (état de rêverie par exemple).


Le lendemain, réveillé à 6h par une bonne grosse averse tropicale, c’est sous la pluie que je range mon campement qui fuie la gueule dans le cul… Je relance quelques leurres dans la forêt noyée mais ne prendrai rien.
7h30, On the Road Again, direction Yaté, Goro, Port Boisé et l’usine de traitement de minerai de Prony ; la veille, de Nuit, je croyais voir les lumières de Nouméa se refléter sur les Nuages, Eh Non, en fait c’est celles de L’usine qui est une ville à part entière…

Je m’arrête à la tribu de Goro, belle église coloniale, quelques Kanaks s’affairent au démarrage du Feu pour le repas, puis repars pour m'arrèter pêcher à l'embouchure d'un Fjord avec plein d'îles devant, les poissons étaient fort nombreux et boudaient tous mes leurres, et le saucisson, ce sont finalement des bernards l'hermites défroqués qui ont fait l'affaire !

Petit passage à la Cascade de Goro, sur la route de Port boisé (la plus hardcore !),
Puis à port boisé, j'ai traversé la forêt en débrayé pour écouter toute la vie et l'harmonie qui y règne, pour finalement tomber sur 2 chemins : un Gite ou un Hotel... ?
Euh... et en fait y'a que ça à port boisé apparemment... (j'ai appris plus tard qu'on peut passer par le gite pour longer le rivage...)

 

Une aubaine pour se retaper le chemin de retour avec les oiseaux, une grosse montagne à gravir et Vlan ! Une Ville-Usine de traitement de minerai, avec la route toute neuve et les Interims de Sodexo qui font la grève (un jour férié), c'était impressionnant ! Voir les camions arriver aussi... 

Ré-arrivé à Yaté, je reprends la route du lac comme la veille mais pour le contourner par l'autre côté cette fois ci. J'ai juste conduit et profité du paysage et suis « rentré à la Maiz' pour me laver l'cul et ronquer comme un sale après une bonne bouffe ».

Sinon au boulot ça roule bien, mon projet avance petit à petit, et je deviens précis dans mes actions à force de les répéter et optimiser. On s'entend bien avec les collègues, on échange des coins de pêche, des blagues, des idées, des astuces...
Je débroussaille les zones amonts des captages au sabre d'abattis pour complèter mes tests de salage, je les shématise sur ordinateur pour la prévision des travaux, rien de très pointu j'en suis encore au dessinateur de Word...

conditions de travail...

Jeudi dernier j'ai trouvé un Didgeridoo chez un Brocanteur d'objets en bois, j'ai aussi acheté une petite statuette fétiche Javanaise, vu le prix... Didg en Euca en provenance d'Indonésie, 1m40 avec une cloche au bout, comme celui que j'ai laissé en métropole en plus court, plus large et moins vernis. Je me suis semi-perdu dans Nouméa au retour, ce qui devient systématique, et me vaut des petits détours de 40 minutes à chaque trajet... mais j'apprends...

Vendredi dernier, J'ai trouvé une chiotte dans la brousse, qui m'a suivi jusqu'au captage, elle était gris et rouge de crasse, la peau sur les os, un vrai sac à puces, mais trop mignonne... Alors par pitié je l'ai emmené se désaltérer et faire une sieste dans mon coffre avant de l'emmener chez le véto à la pause dej'. 

Croisé Fox-Levrier Whippet, 4 mois, en sous nutrition. Je l'ai lavée, vermifugée, bichonnée etc... Elle préfère les croquettes pour chat va savoir ..! Les collocs étaient pas hyper chaud pour la garder et tout bien réfléchi l'adopter m'aurais valu une restriction de liberté d'action et de mouvement, que je reporte à plus tard. Donc j'ai passé une annonce à la radio mardi et y'a au moins 30 personnes qui m'ont appelé, je l'ai finalement filé à une famille Caldoche de Thio qui sont chasseurs et ont des jeunes enfants.
Ce soir là, je pensais avoir vu une annonce pour un concert à l'université où je devais rencontrer le président de l'asso de musique, nous sommes allés avec les potes, pas de chance c'était la veille... On a été au Nakamal que tiens la famille de la copine de W, mon pote vanuatais chanter et jouer de la musique.

 

Ce Week end, encore après un vendredi au Nakamal j'ai repris mes activités de prof de math samedi matin, puis suis allé à la pêche après une bonne bouffe, et aujourd'hui on a été bénévole pointage/débalisage d'un raid (course de mecs qui courent dans la brousse) dans une propriété d'élevage bien sympathique, c'était fun et on a bien rôti au milieu d'un champ sous un pauvre chapiteau de 3 m2, mais on a pu se balader un peu.

Dans les fourrés...

Le coin des philosophes
(jeu: trouve le siège !)

L'Ancètre

La Parole aux Locaux :

Ici les rapports sociaux sont très agréables, les gens sont polis, te sourient et te saluent quand ils te croisent si ils aiment bien ta tête.
Le vouvoiement est courant au premier contact, ce qui me joue des tours car je tutoie tout le monde, ce qui induit un arrière parfum de racisme quand tu discutes avec un papy mélanésien qui te vouvoie et que tu te met à tutoyer dès le début en te disant qu'il a l'air cool et qu'il est sympa. Aucune remarque cependant...

Les gens qui se connaissent s'appellent "frère" ou "cousin", de même, un gars de la même tribu sera cité comme tel: "J'ai un frère là bas qui ..." ou "j'ai un cousin là haut qui ...".

- Le Boucan : « tu as un boucan sur toi »
Le boucan peut se caractériser sous trois formes :
- un chose proche de toi qui a été emboucannée à ton insu.
- quelque chose qu'on te fait ingérer
- Boucan à distance : maladie, dépression, et même vole d'apparence physique, usurpation d'identité, détournement de personnalité ( viol de la tour de contrôle de ton corps...) et autres... (réviser son chapitre « flêches magiques » rayon chamanisme amérindien et océanien pour la compréhension du processus).

Les objets peuvent être aussi divers qu'une cuillère, une sculpture, une chaussure, un outil, une œuvre d'art, un briquet...) Quelqu'un qui a été en possession de cet objet y a inséré une « vibration » , une intention. Si l'emboucanneur meurt, le sort perdure mais peut ètre détruit par le feu. Les sorts sont variés et il arrive qu'après une sentence subie, l'objet se démagnétise.

Faire un Raffût, c'est chasser le mauvais sort d'un boucan...

Tabou, quelques chose de tabou, c'est quelque chose qu'il faut pas toucher, pas parler...
Comme un lieu, un animal qu'il ne faut pas manger ou tuer (selon les tribus).

Les margouillats sont tabous par exemple, et les lézards en général, ainsi que les araignées, qui sont considérés comme des ancètres, ce qui se justifie par la longévité d'existence de ces genres biologiques. Donc pas touche, tu la chasse de chez toi au balai ou au gobelet.

Si un margouillat chante dans ta maison, c'est que y'a pas de boucan. De même que si le chat ne mange pas le foi du poisson alors il est gratteux...

Les arbres et les animaux sont des offrandes de la nature, il faut les respecter et ne prélever que ce dont on a besoin (la nouvelle Calédonie n'est cependant pas exempte d'abus). Beaucoup de Kanaks sont en relation symbiotique avec leur environnement et croient aux esprits de la forêt, (avec lesquels ils dialoguent, s'ils existent) certains parlent même de Lutins... (étrange non ?)

Les bestiaux ont de la marge à part pour les roussettes (chauve souris fructivore) et les Notous (gros pigeon des bois), où la saison de chasse dure 2 mois (et là où il y a le plus d'abus), la Calédo' compte 750 000 cervidés pour 300 000 Habitants...

Par contre la population piscicole aux alentours de Nouméa est en décroissance constatée par les locaux, la pression de pêche se ressens aussi à Mont dore où on est pas les seuls à pêcher (en kayak presque) sans oublier les poussières de mines: de la SLN à Nouméa, et de l'usine de Prony de l'autre coté, qui se prends les Alizées Nord-Est en pleine gueule, pour cracher ses poussières dans la baie du Mont-dore...
Bonjour les poissons...

Les bateaux de pêche professionnels ont droit à 7Kg de poisson par pêcheur d'après ce qu'on m'a dit.

Certains collègues assurent que la gratte n'existe plus en calédonie, par contre la dernière épidémie de Dengue avait fait 7000 cas en 2009, là on est à 7000 cas depuis Janvier 2013...

Sergio se protège hardument contre les moustiques, moi je trouve que y'en a moins qu'au Canada... C'est que une seule race de moustique qui la transmet: les égyptiens... Pis si j'la choppe, ça me laissera plus de temps pour m'instruire et vous écrire des trucs...

une à deux fois par semaine, je vais au Nakamal, le premier ou j'ai été, j'en ai visité 3 pour l'instant. C'est des voisins potes qui servent, les gens que je cottoie sont essentiellement Kanaks et Vanuatais, parfois métisses, dont certains ayant vécu en cache sexe à partir pêcher en radeau. J'y bois du Cava, on discute, j'apprends beaucoup de choses sur le fonctionnement du pays, de l'indépendance des Nouvelles Hébrides, des légendes historiques, de pensées philosophiques. J'y joue du Didg, de la Gratte, y'a un billard, etc...
Quand tu bois tu comptes pas, ça dépend des soirs la dose... (entre 4 et 15)
Il existe du Kava « sec » et du « Vert ». selon si le bulbe est arrivé sec, ou vert justement... La grande majorité du Kava consommé vient du Vanuatu et arrive selon les horaires locales.. il existe des productions calédoniennes mais le cycle de semis/récolte dur 30 ans donc difficile à implanter. Par contre il pousse abondamment à l'état sauvage au Vanuatu, son pays d'origine, puisque les Nakamals ont commencé à voir le jour en Kanaky dans les années 1990.

Alors Tu Bois Kava ?

En général ça se partage avec quelqu'un ou plusieurs, comme un verre d'amitié, on te sers, il faut payer avant de saisir sa selle, ou de boire et c'est souvent un des protagoniste qui paye la tournée, l'autre la suivante, etc...Tu prends ta selle (demi Coco-récipient) tu vas devant le crachoir-lavabo, et là...

 Rituel ou pas rituel ? 

Certains en versent un peu en offrande avant de boire, et crachent à la fin, d'autres le boivent et renversent la fin, en crachant ou non (la fin comprends le dépôt), d'autres le boivent d'un trait, cul sec, sans cracher, sans se rincer la bouche (autre option de fin de rituel). J'ai remarqué que les Vanuatais faisaient tous pareils...
ça a un goût un un peu amer avec un soupçon de terre, c'est pas dégueu, pas spécialement bon non plus, selon les soirs les selles passent plus ou moins bien.
Tu peux manger une cacahuète ou un bout de mangue proposé, après pour t'ôter le goût résiduel. La bouche est légèrement anesthésiée, tu vas t'assoir, tu fumes une clope, tu parles doucement, Relax complet, c'est un endroit pour se détendre et partager au vrai sens du terme... Jamais de bordel, parfois des cris de crise de rires traversent les lieux sinon c'est très calme, les gestuelle des gens est lente et précise. Tout le monde fume ou presque (des cigarettes j'entends bien !).

Tu te relèves pour aller « relever » (la selle ou le coude?!) toute les 20 min à peu près.
Et quand t'en a assez bu, tu est dans un état cotonneux, tes jambes sont molles et légères, ton esprit en conscience augmentée, on ressens mieux, on comprends mieux. Il y a un plateau naturel qui fait qu'on ne peut pas se saouler au Kava, mais si on en consomme vraiment beaucoup on peut avoir des pertes de motricité et se casser la gueule en marchant (je vois parfois des mecs trébucher, et ça m'arrive aussi).
Il n'existe pas d'accoutumance physique, mais sociale oui, on reconnais les accrocs à leurs mains toutes sèches ; c'est bien de boire de l'eau ou une bière après le nakamal pour filtrer un peu, le Kava déshydrate beaucoup et attaque les reins si trop régulier.

Vanuatu seul archipel indépendant des états dits mélanésiens (mais pas exempt de structures commerciales occidentales), où l'ont peut encore rencontrer des hommes vivant le plus simplement du monde, avec un radeau, une sagaie, un arc et un étui pénien en Bambou. Par contre son voisin a un t-shirt... Regardez l'épisode de j'irai dormir chez vous, c'est intéressant... Il a bien failli se faire découper à sa première île cet imbécile qui arrive avec ses gros sabots et son hypocrisie... 

Contexte social d'un paradis artificiel :

Prenez une île merveilleuse en zone tropicale, Introduisez y un peuple autochtone, des migrants alentours puis un peuple colonisateur. Secouez bien à coups de fusil, exploitation, profitage et pompes dans l'cul. Laissez fleurir 300 ans sur un fond de Babylone, vous avez maintenant un peuple dissous qui se méprise, Inter et Intra -ethnies, et qui est prêt à s’entre-tuer pour maintenir ses positions géographiques et administrativement hiérarchiques, mais qui sont obligés de vivre ensemble et cohabiter quand même puisqu'ils profitent tous des uns des autres, et ne sont pas tous disposés à se faire trouer la peau...

à la fronde contre un tank comme pendant les événements de 84-88...
Depuis ils ont appris à faire des Cocktails Molotov, quand même !

Rasta Kanaky (d'après Google)

Ici les mecs un peu excités ont un fusil à pompe coté passager de leur 4*4,
on tire à vue sur les randonneurs confondus en braconniers dans les propriétés privées,
on se prend un tarte pour un appel de phare,
on finit dans un trou dans la brousse après une séquence machette quand on a vraiment foutu la merde...

Y'a encore eu une bagarre qui a dégénéré le Wk dernier... (coups de feu à la clef)


Cependant, l'Horizon 2014 (referundum) et le « Destin commun » (mouvement de pensée calédonien) laissent quand même quelques espoirs. Il va sans dire que le métissage est le parfait moyen d’apaiser les tensions et qu'il est pratiqué de longue date par les Kanaks entre clans, ce qui faisait l'objet d'une coutume (échange de femmes et/ou d'enfants-> père adoptif d'un autre clan, parfois sans la mère...)

Les tribus ne sont pas la structure sociale Kanak ancestrale, c'était la structure clanique.
Les clans ont été regroupés en tribus affiliées à des zones territoriale, par Nous, les colonisateurs...

La partie insulaire et récifale de la côte Est comprise entre Thio et Yaté n'a jamais été cartographiée pointilleusement (même par satellite), Il existe de nombreuses légendes et mystères à propos de ce coin là, ou les clans les plus reclus et hostile y vivent...

Niveau pêche ça sors tranquillement, Kayak combiné tout les 3 jours, pas encore sortis de gros, ils se décrochent ou pètent ma ligne à chaque fois, ça devient frustrant...

Pendant qu'il m'en reste quelques uns...

Loche saumonée

Barbet, Lanterne rouge, Saumonée, Perroquet

Sous mon parquet...

deux agréables Scolopendres...

Papaye Dujardin (la soeur de Jean...)

Sergio se barre en France où il a pas mis les pieds depuis 4 ans mi-avril...
David va quitter la colloc' pour règler ses affaires perso, on va voir la recherche du troisième dans les semaines qu'arrivent...

Peace !